L’implication des Etats, des entreprises et des individus est grandement sollicitée afin d’agir rapidement et combler dans les meilleurs délais, l’écart qui se creuse progressivement entre les États-Unis et l’Europe dans le domaine de la numérisation de l’économie.
Les Etats-Unis ont une longueur d’avance
En effet, d’après les résultats des études menées à ce sujet, il résulte que les États-Unis se trouvent loin devant l’Europe lorsqu’il s’agit de ce domaine précis. Sur une échelle de 0 à 100 mesurant le taux de numérisation de l’économie, l’Europe et la France serait à 12 tandis que les Etats-Unis à 18. C’est ce qui est ressorti de la dernière étude « Digital Europe ; pushing the frontier, capturing the benefits » de McKinsey annoncé lors de l’ouverture de Viva Technology.
Après analyse de tous les secteurs de l’économie de la France, des Pays-Bas, du Royaume-Uni, de la Suède, de l’Allemagne et de l’Italie et en les comparant à la situation américaine, le secteur ICT américain incorporant les médias, les télécommunications et notamment les technologies de l’information s’est révélé être la plus digitalisée des économies occidentales avec un indice de 100 attribué par le cabinet de conseil.
L’analyse d’autres secteurs tels que la finance, l’immobilier, l’éduction, l’agriculture ou le bâtiment ont également révélé de surprenants résultats se rapportant à ce degré de numérisation de l’économie, notamment pour le secteur de l’hôtellerie qui fait partie du peloton de queue en Europe. Contrairement à ce qu’on imagine à travers le dynamisme d’Airbnb, les initiatives d’AccorHotel ou le taux des réservations en ligne, « il existe encore de nombreux petits hôtels absents des grandes plateformes et qui n’ont jamais connu l’expérience client à travers les services digitaux », révèle Eric Hazan, directeur associé senior chez McKinsey France et premier responsable du pôle digital.
Le Royaume-Uni en tête en Europe en matière de digitalisation
Les différences sont significatives entre les pays européens. Avec un niveau de digitalisation d’indice 17, le Royaume-Uni se rapproche des Etats-Unis quand celui de la France est d’une moyenne de 12, la plaçant devant L’Allemagne et l’Italie qui ont respectivement un indice de 10, et derrière la Suède et les Pays-Bas d’un indice respectif de 15.
McKinsey réalise que l’Europe pourrait générer 2.500 milliards d’euros de PIB supplémentaires en début 2025, soit plus des trois quarts du PIB allemand, si elle consentait à exploiter d’avantage certaines technologies clefs (Big Data, Internet des objets).
Plus de rapidité en perspective
Le déficit commercial européen en matière de numérique démontre clairement l’écart entre les Etats-Unis et l’Europe. En comparaison avec les Etats-Unis, la balance commerciale de tous les pays européens est négative à divers degrés moindres, en matière de services numériques : -5,6 % pour l’Union européenne en général, -11,4 % pour le Royaume-Uni, -5,2 % pour la France et -4,2 % pour l’Allemagne.
Sans brosser un tableau complètement noir de la situation, McKinsey évoque l’opportunité nouvelle d’une implication de l’Europe dans les technologies émergentes telles que le Big Data, où elle pourrait générer 32% des revenus mondiaux ou encore l’Internet des objets représentant 21% des revenus.
En évoquant l’impact du numérique sur le marché de l’emploi, Eric Hazan explique que « chaque révolution industrielle a généré de nombreux emplois et rien n’indique le contraire pour celle-là. Auparavant, les sociétés mettaient trente à cinquante ans pour s’adapter, ce qui n’est plus le cas de nos jours. La vraie controverse réside dans la vitesse de la transition et donc de la rapidité des économies et des sociétés ».
D’après les théories de McKinsey, 10 à 15% des emplois seraient affectés entre 2015 et 2025, une conséquence engendrée par la robotisation de 44% des tâches. Pour s’acclimater à la situation, le cabinet de conseil préconise l’optimisation de la rapidité des entreprises et la capacité de chacun à assimiler et à approfondir la digitalisation des organisations internes, d’impliquer le client dans le processus de décision et d’accroître l’aptitude analytique des entreprises.