D’après le sondage « Opinion Way » qui s’est déroulé au Palais des Congrès de Paris les 3 et 4 février pour le Salon des entrepreneurs, moins d’un Français sur cinq affirme ne pas être enclins à suivre la route des patrons d’Uber ou de Heetch. Pourtant, 77% pensent que le développement des plateformes numériques est une bonne chose pour résoudre le chômage. Cela nous emmène à nous demander si les Français sont prêts à la transformation numérique.
Le phénomène d’ubérisation
Uber est une entreprise qui a réussi à fractionner le rapport de l’Homme au travail et à l’outil de travail. Ce phénomène d’ubérisation résulte de l’hyperconnexion et de l’hyperconsommation, d’après Bruno Teboul, directeur scientifique, recherche et développement et innovation du groupe Keyrus.
Selon certains avis, ce phénomène que l’on pense être une source de décentralisation, de facilitation et de désintermédiation va en fait à l’encontre de ces logiques. Mais on ne s’en rend compte que trop tard. Chaque fragmentation reflète une complexité, un éclatement, une dispersion qui couvrent l’émergence de nouveaux oligopoles plus puissants que les précédents.
Ubérisation: les impacts socio-économiques
Ce phénomène provoque des conflits sociaux car les gens craignent de perdre leur travail et leur outil de travail. Les manifestations s’accompagnent de sabotages, de menaces, de destructions, d’intimidations et de violences physiques. Les artisans sont les fers de lance de cette révolte anti ubérisation, mais le mouvement se radicalise assez rapidement. Cette situation engendre de violentes crises économiques. La politique et la loi restent inefficaces face à cette situation.
L’origine des inquiétudes est le fait que l’ubérisation redéfinit les règles de productivité, les modèles d’organisation du travail et la protection sociale. Effectivement, certains pensent qu’elle ne créer que des petits emplois sans perspectives d’évolution. Et donne par contre un plein pouvoir à une minorité de gens qui attendent d’être servis. La fragmentation du travail donnerait un pouvoir de négociation énorme aux patrons face à des travailleurs divisés qui accepteraient un travail à n’importe quel prix. Ce problème semble être amoindri par rapport à d’autres, alors que des populations entières sont contraintes à s’adapter à une nouvelle forme de travail journalier et de paiement à la tâche. Dernièrement, la justice californienne a reconnu Barbara Ann Berwick, chauffeuse indépendante pour Über, comme une véritable employée car elle est sous les ordres de cette même plateforme. S’il s’avérait que cette décision était confirmée, le modèle de paiement à la tâche serait remis en cause et pourrait changer.
Les mesures pour limiter les conséquences de ce phénomène
Il y a néanmoins un point où tout le monde peut être d’accord, c’est que l’Etat doit prévoir des mesures d’accompagnement aux grandes révolutions comme celle-ci. Ces mesures doivent inclure l’accompagnement de la création d’entreprise, pour éviter qu’elle ne profite à d’autres pays, mais surtout la réforme de la protection sociale notamment le replacement des travailleurs remplacés par ceux d’une nouvelle catégorie ou par des machines. La France n’échappe pas à la tendance du freelance mais pour se distinguer elle doit réussir à faire du travail indépendant une solution pour le chômage.